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Sacha Guitry, tout son univers, théâtre, cinéma, biographie, livres et citations

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Aux deux colombes

Comédie en trois actes.
Crée au théâtre des Variétés le 8 octobre 1948 (140 représentations du 8 octobre 1948 au 20 février 1949)



Argument

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Un éminent avocat parisien s’est remarié avec la sœur de sa femme qu’il croyait morte dans un incendie depuis vingt-deux ans. Brusquement, la prétendue défunte réapparaît. Laquelle choisir pour sortir de la bigamie ? Un héritage et une princesse russe, comme on n’en fait plus, compliquent les choses. Le trio va-t-il tourner au quatuor ?


Distribution

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Actrice-Acteur Personnage
Sacha Guitry Maître Jean-Pierre Walter
Suzanne Dantès Marie-Thérèse, sa femme actuelle
Marguerite Pierry (Marie-Jeanne, sa première femme, soeur de Marie-Thérèse
Pauline Carton Angèle, sa bonne
Robert Seller Charles, son valet
Lana Marconi la grande-duchesse Christine


Critique

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Après avoir lutiné l'Histoire, la seule maîtresse, dit-on, qu'il ait réussi à tromper, M. Sacha Guitry en revient à sa fonction naturelle, qui est de mettre en scène son propre personnage. Le bas de soie recommence à faire des ronds de jambe.Dans un décor crème et gris, parmi des fauteuils dont le vert se retrouve sur les foulards, les pantoufles et jusque sur les tableaux, le Maître paraît en robe de chambre puce. Fidèle à ses fournisseurs, il verse le cognac Machin dans le cristal Chose. Le sourire des grandes faveurs : « Puisque vous en redemandez, je veux bien votes jouer la vie privée de Sacha Guitry ». En effet, c'est le Sacha épouseur du genre humain qui se réédite dans cette comédieme. Et, dit coup, s'installe l'impression pénible que devait produire don Juan quand il ne fut plus qu'un vieux beau.

Trois femmes au tableau. Trois seulement. Le compte de Menton Bleu n'y est pas. Serait-ce enfin de la modestie. Non : c'est la comédie de l'homme qui a épousé les deux sœurs. La première, qu'on croirait morte à Valparaiso, revient après vingt-deux ans. La seconde s'accroche, la pauvre. Entre les deux, mon manque de cœur balance.

Bien entendu, c'est la troisième qu'on élira, après avoir éliminé les deux autres. Ce double décrochage s'effectuera par le moyen de l'argent. Plutôt rosse, n'est-ce pas f M. Sacha Guitry ne serait-il, au fond, qu'un misogyne ? N'épouserait-il que par cruauté ?

Thème psychologique : « J'aime la femme que je n'ai pas ». L'originalité coule à pleins bords. Le deuxième acte, celui où Sacha hésite entre Marguerite Pierry et Suzanne Dantès, est l'un des plus ennuyeux qui se puisse voir actuellement à Paris. Un sketch qui s'étire, s'étire... Mais il y a des « mots », et les dames décolletées leur font un sort avant même qu'ils soient tombés de sa bouche, ma chère. Voici, de mémoire, quelques échantillons : — Tu m'aimes ? — Non... (Un temps). Je t'adore. — Nous sommes dans un cul-de-sac. — De quoi ? — De sac. — Tu as épousé ma soeur ! — Ça ne sortait pas de la fanifile. — Peux-tu me résumer ta pensée d'un mot ? — Oui. — Lequel ? — m...

On mesure l'efficacité de ce dialogue au fait que M. Henri Bernstein de sa loge, applaudit. Ce théâtre de clins d'œil, on voudrait qu'il restât dans les anthologies comme fa fine fleur du boulevard. Pardon, Bourdet ! Désespérément cramponné à sa légende, un vieil homme s'efforce de Survivre à une époque. Sa punition sera sans doute de n'avoir pas été l'auteur dramatique que, avec un peu de rigueur, il eût pu devenir.

En scène, la « présence» de M.Guitry est incontestable. Ce comédien fut-il jamais habité ? Mettons qu'il a le théâtre dans la peau, en ce sens, qu'il est lui-même tout son art, fin et moyen. Marguerite Pierry joue, selon sa propre expression, une vieille bique un peu loufoque. Son comique « à ressort » est un perpétuel effet. Suzanne Dantès est belle; Pauline Carton est bonne. En bottes de daim et toque de fourrure, Lana Marconi s'essaye à popescoïter. Elle change dee toilette au deuxième entracte.

Guy Verdot, Le Franc-tireur, le 12 octobre 1948


Journal

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Le Franc tireur, le 12 octobre 1948
Le Franc tireur, le 12 octobre 1948


Citation

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L’adoration n’exige pas la réciproque, à la différence de l’amour.