carré


Sacha Guitry, tout son univers, théâtre, cinéma, biographie, livres et citations

Accueil > Théâtre > 1911 - 1920 > L’illusionniste

L’illusionniste

Comédie en trois actes
Crée au Théâtre des Bouffes Parisiens le 28 aout 1917 (127 représentations du 28 août au 25 novembre 1917)



Argument

carré

Eddy Brooks manipule aussi bien les cartes que le cœur des femmes. Invité chez un couple de bourgeois, afin de faire quelques tours pour eux et leurs amis, il ne trouve pour public que Jacqueline, la maîtresse de maison. C’est lui qui vient...


Distribution

carré

Actrice-Acteur Personnage
Sacha Guitry Paul Dufresne
Baron fils Albert Cahen
Fernal Gosset
Georges Barral Gérôme
Madeleine Carlier Jacqueline Beauchamps
Jeanne Fusier-Gir Honorine Lefourvarecq
Yvonne Printemps Gabrielle Virtaud


Critique

carré

M. Sacha Guitry est maître de son art et de sa, formule. Il peut désormais, pour notre plaisir, faire autant de pièces qu'il voudra, sans que l'on sente l'effort ni qu'il sente la fatigue. L'inconvénient de cette sûreté même, est que ce théâtre, agréable, ne s'affranchit pas de toute convention ni de toute rhétorique. Il est de pure fantaisie, et cependant on n'a pas de surprises, on sait toujours où l'on va. Hier, durant quelques instants, une heure environ, le public a été, contre l'habitude, désorienté : il ne savait pas où il allait. Par un prodige d'adresse, M. Sacha Guitry l'a tenu en haleine. Pour bien poser le caractère de « l'Illusionniste », il nous l'a montré d'abord dans l'exercice de sa profession.

Nous avons eu le hors-d'œuvre d'un programme de variétés, dont nous avions applaudi les numéros antérieurement à l'Alhambra, au Casino de Paris ou au cirque Médrano : deux cyclistes Psom !.psom !, une liseuse de pensées, un prestidigitateur, qui était M. Sacha Guitry lui-même. Quelques coupures s'imposent. Les spectateurs s'amusaient follement, mais ils regardaient leurs montres. Ils se demandaient avec anxiété,si, par hasard et pour une fois, M. Sacha Guitry ne se payait pas leur tête. Les paris étaient ouverts. On l'offrait à deux contre un. Plusieurs, personnes murmuraient déjà, comme Hamlet : « Des mots ! Des mots ! » En d'autres termes, on réclamait le texte.

Enfin, on a vu les jambes de Mlle Yvonne Printemps, à la fente du rideau, et l'on a entendu sa voix. Elle chantait une chanson anglaise : c'était un petit commencement. M. Sacha Guitry a fait ensuite ses tours et, après un entracte, nous avons eu la vraie pièce. Elle est symbolique, mais sans la moindre obscurité. Vous devinez, je le gagerais, que l'intrigue est un tour d'illusionnisme transposé dans l'ordre du sentiment; M. Sacha Guitry reçoit dans sa loge la visite d'une dame du demi-monde à laquelle il a inspiré la plus vive admiration. Elle le prie. de venir figurer chez elle. le soir même, et comme elle n'a pas encore expédié ses cartes d'invitation, et que la poste est lente en temps de guerre (il y a la guerre), M. Sacha Guitry s'y trouve seul. Il achève une séduction déjà fort en train. Il joue la grande scène de l'invitation au voyage : Mon enfant, ma sœur, Songe à la douceur d'aller là-bas vivre ensemble Au pays qui te ressemble...

A l'acte suivant, autre chanson : il avoue à la dame que le pays où il voulait l'emmener la veille ne lui ressemble pas du tout, que là tout n'est pas ordre et beauté,luxe, calme et volupté, qu'enfin une tournée de prestidigitateur n'a aucun rapport avec un voyage d'agrément. La dame, désabusée mais résignée, demeure dans son petit hôtel, et l'illusionniste retourne au Continental, où la petite chanteuse anglaise du premier acte l'attendait comme Pénélope.

La comédie nouvelle de M. Sacha Guitry est jouée avec la même perfection que les précédentes, par lui-même, par M. Baron flls, par Milles Yvonne Printemps, Madeleine Cartier et Jeanne Fusier. Elle est, de même que les précédentes, fort spirituelle et ornée de mots comme les appartements sont ornés de glaces : mots de situation, mots d'auteur, mots d'acteur.

Abel Hermant, Excelsior, le 29 août 1917


Journal

carré

L’Excelsior, le 29 août 1917
L’Excelsior, le 29 août 1917


Citation

carré

A Gênes il n'y a pas de plaisir...