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Sacha Guitry, tout son univers, théâtre, cinéma, biographie, livres et citations

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Désiré

Comédie en trois actes
Crée au théâtre Édouard VII le 28 avril 1927 (200 représentations du 28 avril au 6 novembre 1927)



Argument

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Désiré est un valet de chambre. Il aime ses maîtresses. Il a quitté sa dernière place à la suite d un accident avec sa patronne. La nouvelle jeune femme chez laquelle il entre est avertie du fait. Elle en est troublée et ce trouble se manifeste dans ses rêves. Désiré rêve aussi et comme ils ont peur l’un et l’autre de leur sommeil, ils se sont chacun à l insu l’un de l’autre retirés dans le salon pour y dormir et c’est en entendant la voix de sa patronne qui rêve de lui, que le valet de chambre découvre cette trop chère présence et saisit l’occasion de lui faire, en tout bien tout honneur, d’ailleurs, sa déclaration.


Distribution

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Actrice-Acteur Personnage
Yvonne Printemps Odette Cléry
Alys Delonde Henriette Corniche
Louis Gauthier Félix Montignac, ministre des P.T.T.
Henri Trévoux Adrien Corniche, industriel
Betty Daussmond Madeleine Capricheu, femme de chambre
Pauline Carton Adèle Vazavoir, cuisinière
Sacha Guitry Désiré Tronchais, valet de chambre


Critique

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Je suis en retard. Si la plume d'un stylo pouvait être une épée... Mais non, les pointes en iridium ne sont que des pointes émoussées, et Vatel est mort depuis trop longtemps pour être imite ! Je suis en retard comme la marée dudit Vatel, pour parler de M. Sacha Guitry et de sa pièce nouvelle. A qui la faute ? à messieurs les auteurs dont les_ pièces n'ont pas tenu et se sont effeuillées toutes ensemble en avril, à messieurs les directeurs qui leur ont cherché des successeurs précipitamment, et ont produit leurs productions, le même jour ; à la critique qui a accepté écartèlement comme une méthode de travail. Tiré à trois pièces, j'ai eu la lâcheté de m'enfuir. Qu'on me le par- donne !

On me le pardonnera d'autant mieux qu une piégée de M. Sacha Guitry ne cesse, pas d'être actuelle au bout de : huit jours. Elle garde une certaine grâce de nouveauté, un certain air d'improvisation qui la maintiennent toujours récente. Elle est toujours de ce soir... Chaque soir, c'est comme la générale !

Il y a, un théâtre terrible, c'est celui qui nous prend par une action poignante et qui nous mène, haletants, jusqu'à la conclusion. Racine est l'homme de cet art. Et il y a un théâtre charmant qui est comme une simple parade. Les gens vont et viennent. On annonce que le dîner est servi. Et tout est fini. Molière excellait dans ce genre. C'est celui auquel tend M. Sacha Guitry, ce La Fontaine d'une époque où malheureusement le souci du style et la patience à se corriger indéfiniment ont été remplacés par l'improvisation heureuse et par l'expérience qui s'abandonne.

Désiré est un valet de chambre irrésistible, et qui ne résiste pas. Il entre dans une nouvelle place où il espère demeuré tranquille. Cinq minutes après la dame soupire son nom. Cinq minutes encore et il s'en va, L'affaire est finie. Ce n'est rien, c'est la pointure de l'office et la peinture du salon dans le genre Waitteau. Et cela suffit très justement pour nous divertir et nous intéresser. Cet art étonne un peu les étrangers. Il réponds à un raffinement d'esprit et du cœur qui est assez rare dans les pays de tradition nouvelle et qui, grâce à je ne sais quoi, n'a pas été tué en France par la vulgarité bourgeoise et démocratique.

On regrette seulement que M. Sacha Guitry, authentique représentant de cette fine tradition, n'écrive pas avec plus de scrupule et d'une manière plus serrée. Il a le plus joli langage de théâtre. Je voudrais que ce langage plus tard pût rester comme un modèle, mais je crains qu'il ne le mérite point. Désiré c'est M. Sacha Guitry et sa patronne d'une nuit c'est Mme Yvonne Printemps. Autour d'eux, des artistes pleins d'esprit et de verve. Mmes Pauline Carton et Betty Daussmontd. M. Félix Montignac sont tout à fait agréables. Je crois que ce Désiré peut malgré tout faire son tour même d'Amérique. Ce Ruy Blas démocratique et désabusé amusera tous ses confrères même tous ses patrons mais surtout ses patronnes.

Fortunat Strowski, Membre de l'Institut,Paris-Midi, le mai 1927


Journal

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Paris-Midi, le 4 mai 1927
Paris-Midi, le 4 mai 1927


Citation

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Vois-tu, je crois que quand on s'aime pour plus d'une raison, c'est qu'on ne s'aime pas vraiment.