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Sacha Guitry, tout son univers, théâtre, cinéma, biographie, livres et citations

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Désiré



Argument

Désiré Tronchais, valet de chambre, vient d’entrer au service d’Odette Cléry, une ancienne actrice qui fréquente le ministre des PTT Félix Montignac. Malgré un certificat exemplaire, Désiré a quelques antécédents : il a couché avec trois de ses précédentes maîtresses. Mais il se jure que cette fois-ci, il saura garder ses distances. Lors d’un voyage à Deauville, Odette rêve tout haut qu’elle fait l-’amour avec Désiré, tandis que celui-ci, de son côté, rêve la même chose avec elle. Montignac, qui a tout entendu, se pose des questions et en fait part à Odette, horrifiée. Soucieux de se tenir parole, Désiré, qui a eu vent des rêves de sa maîtresse, décide finalement de quitter son service et de chercher une nouvelle place


Distribution

Actrice-Acteur Personnage
Sacha Guitry Désiré, le valet de chambre
Jacques Baumer Félix Montignac, ministre des PTT
Saturnin Fabre Adrien Corniche
Jacqueline Delubac Odette Cléry, la patronne
Arletty Madeleine, la femme de chambre
Pauline Carton Adèle, la cuisinière
Alys Delonde Madame Corniche
Geneviève Vix la comtesse Diepchinska


Fiche technique

Réalisateur Sacha Guitry
Producteur Serge Sandberg Cinéas
Scénariste Sacha Guitry
Assistant réalisateur Gilles Grangier et Guy Lacourt
Chef-opérateur Jean Bachelet
Musique originale Adolphe Borchard
Montage Myriam
Décors Jean Perrier
Son Norbert Gernolle
Genre Comédie satirique
Durée 01:46:00
Année 1937
Date de sortie en salle 1er décembre 1937
Pays de production France
Genre Fiction / Comédie
Image Noir et blanc
Son Sonore
Métrage Long
N° Visa 2008




Critique

Nous avons eu, vendredi soir, au Marignan, la première du film Désiré, tire par Sacha Guitry de la pièce qu'il écrivit autrefois sous ce titre et qui, comme toutes ses œuvres, remporta un succès considérable au théâtre. Le sujet, que la magie du verbe de l’auteur avait, entre cour et jardin, facilement enivré en quelques décors, n’avait pas grand’chose à demander au septième art. Comme le Mot de Cambronne. Mais dans de plus larges proportions. Désiré, ô l’écran, devait demeurer, de toute évidence, une œuvre théâtrale transposée au cinéma sans que, grâce à Dieu ou à Sacha, on eût cherché à lui donner le faux nez d’une scénario original ! en l'agrémentant d’extérieurs maladroits.

C’est donc, à peu de chose près, la pièce que nous avons retrouvée, et cela quand il s'agit d’œuvres dont le dialogue fait toute la richesse, est infiniment préférable. On les tourne ou on ne les tourne pas. Mais on ne les défigure pas.

Le public de cinéma, je parle ici de celui qui, après les premières exclusivités, se précipite dans les salles de son quartier pour voir les films à succès dont ses journaux, et plus encore la tradition orale lui ont fait l’éloge, verra en Désiré un Sacha Guitry qu'au premier abord il ne reconnaîtra pas, parce que très différent de ce qu’il lui avait laissé comme souvenir dans ses films précédents. La composition est excellente. L’homme qui va régner sur l’office, entre la cuisinière encore motive Pauline Carton et la jeune femme de chambre aguichante Arletty, incarne d’une façon saisissante le valet de grande maison dont l’ambition, tout naturellement, veut atteindre la « patronne». C’est un petit-fils de Beaumarchais, un Figaro insolent qui pense, de lui-même, qu'aux qualités que demandent les patrons à leurs domestiques, peu de patrons les pourraient suppléer. Méprisant, philosophe à sa manière, il me donnait l’autre soir la tentation de l’aller voir avec des gens de maison et de questionner ensuite ceux-là. La plupart se seraient certainement, avec quelque fierté, reconnus dans le tableau qu'il en a tracé.

On se lasse d'écrire que le dialogue de Sacha Guitry est étincelant. Le dialogue n'y gagne rien, tandis qu’à la longue la qualification s’en affaiblit. Donnons donc acte à l’auteur et au metteur en scène du réel succès de leur intime collaboration et passons à l’interprétation.

Pauline Carton. Arletty et Jacques Bautner en constituent, après Sacha Guitry, le principal. Ils encadrent leur auteur avec une unité et une harmonie parfaites. Ils interviennent quand il le faut, sobrement, et pour la nécessité de l’action, quand il y en a. Et le plus grand tour de force de Sacha Guitry disons le en passant est de nous faire accepter, parce que c’est lui et parce qu’il s’agit de son texte, de véritables monologues qu’il distille, au premier plan, sans que nous songions tout d’abord à nous en étonner.

Je me reprocherais de ne pas signaler, à propos de Désiré, le remarquable collaborateur que Sacha Guitry, dans ses films, a su trouver en la personne du compositeur connu Adolphe Borchard. J’ai déjà écrit, en d'autres circonstances, qu’il était, à mon avis, le seul musicien, ou tout au moins le premier, ayant compris le rôle que devait remplis la musique à l'écran. Il s’agissait alors de la Robe Rouge. Dans Désiré, il a, fort heureusement, après un générique où le titre est écrit par l’orchestre et correspond à un appel de trois notes, utilisé dans des proportions malheureusement limitées, les quelques occasions qui lui étaient offertes. Au cours d'une scène de rêves humoristiques, la musique supplée la parole, et chaque personnage, chaque intention s'exprime musicalement.

On aimerait à voir M. Borchard chargé d'écrire une réelle, partition accord poignant ou scandant un scénario original.

Raoul d’AST, La Liberté, le 7 décembre 1937


Journal

La Liberté, le 7 décembre 1937
La Liberté, le 7 décembre 1937


Citation

Vois-tu, je crois que quand on s'aime pour plus d'une raison, c'est qu'on ne s'aime pas vraiment.



Vidéos

Désiré - Gaumont - DVD


Affiche