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La maladie

Édition Maurice de Brunoff
Année d’édition : 1914



Présentation

Journal de Sacha Guitry, retraçant avec humour, la maladie qui l’éloigna de la création entre mars et mai 1914.


Critique

C'est celle que Sacha Guitry traversa, et il en crut mourir. Il n'est pas mort et raconte ses impressions de malade avec un humour à la fois tranquille et indigné, qui charme et qui épouvante tour à tour. Et il analyse ses impressions de malade qui a souffert, qui est resté vingt-huit jours sur le dos, a été mis à la diète, auquel on a posé des ventouses La venue d'une dame inconnue, qui est entrée dans sa chambre, a orné son pauvre dos, avec une virtuosité magique, d'une floraison spontanée, qui se félicite sur sa propre intervention et disparaît en disant « Au revoir, monsieur », et qu'il ne revit.jamais, est une description qui tient du prodige. Il lui semblait qu'il entendait des cloches, qu'il avait abdiqué, qu'il allait mettre bas les armes; car il venait de renoncer en effet à la vie; il était tout simplement tombé malade.

Puis, c'est la série des médecins « II me semble que j'ai passé une douzaine de jours dans un tableau de Carrière accroché pas très droit, avec des yeux fixés sur moi, à travers la lièvre comme à travers le brouillard. La. série des potions et des cachets, un jour des cachets tout petits, le lendemain, énormes, font de lui pour la science, un champ d'expériences. Et il a comme garde un garçon charmant, qui dort vingt heures ou vingt-deux, sur vingt-quatre, et qui lui avoue qu'il a pris ce métier à là suite d'une grave maladie. Il y a les visites des amis qui racontent un tas de choses naïves, absurdes, toujours inutiles. Jusqu'au jour où on dira Il est mieux » Et tout le monde l'abandonnera.

Sa convalescence est contée avec une fantaisie délicieuse. On veut l'obliger à se lever, à mettre ses chaussettes, et il refuse; il résiste et entend rester couché. Et un beau matin, à six heures, il s'est levé tout seul, est allé à la fenêtre, et comme le soleil entrait, il lui a semblé (c que c'était un jeune homme»; tout lui paraissait neuf, léger, transparent, rien ne le séparait des arbres, et il pouvait les atteindre en étendant le bras. Et ce petit toit de tuiles rouges, sous le soleil, est méconnaissable et il durera longtemps, puisqu'il est neuf chaque matin « Tiens, allons! je ne parle plus exclusivement de moi; je crois que ça y est! Je suis guéri ! » C'est son cri final étonné.

On ne peut pas rapporter toutes ces sensations si courageusement exprimées la maladie, la convalescence, la guérison, toutes ces notations qui ont une sagesse mélancolique et une résignation subtile. Sacha Guitry sourit, et son sourire, parfois cruel, est toujours amer.

Le Temps, le 24 juillet 1914


Presse

Le Temps, le 24 juillet 1914
Le Temps, le 24 juillet 1914


Citation

- La vérité, c'est oui ou c'est non; eh bien, la Santé, c'est tout ! - Je venais de mettre bas les armes. Je venais de renoncer à la vie. Je venais tout simplement de tomber malade.


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