L’an passé, Sacha Guitry ouvrit le cycle dec Grandes Conférences de Paris et, sous le titre de « Jeanne d’Arc à Philippe Pétain ». nous parla de l’ « Esprit de France », Ainsi que nous le disions à propos de cette conférence, toute « performance » de Sacha Guitry est comme un joyau qu'il est difficile de décrire autrement qu'en disant que c’est un continuel étincellement. Cette année encore, Sacha Guitry inaugurait le nouveau cycle des Grandes Conférences par une causerie d'un ton plus badin que son sujet grave de l’an passé. Le titre annoncé était : « Vers de Bohême » C est en effet des vers et nous avons le double régal d’entendre Sacha Guitry lire ses propres vers. « Vers de Bohême » et rien de plus. J'entends par là qu’ils « sont de verre ». Ce sont des pièces détachées d'une variété adorable, d'un livre à paraître quelque jour Esprit, anecdotes, souvenirs, nous tiennent plus d’une heure sous le charme, charme, je le répète, qui ne peut jamais se décrire, mais qu'il est permis de louer avec reconnaissance, à cause du dérivatif qu’il donne à nos cerveaux intoxiqués et malheureux. Geneviève Guitry dit d’une manière exquise deux de ces poèmes délicats ; Jeanne Fusier-Gir, si fantaisiste, si drôle, fit beaucoup rire dans 1’ « Histoire d’Ambroise et Nathalie » ; Hélène Perdrière fut charmante de naturel et d’esprit dans deux pièces du Maître. Le théâtre était plein d'un public brillant et chaleureux qui fit à ce récital de poésie et d’esprit un très grand succès.

L'Union française, le 19 décembre 1942