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Sacha Guitry, tout son univers, théâtre, cinéma, biographie, livres et citations

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Je t’aime

Comédie en cinq actes
Crée au Théâtre Édouard VII le 12 octobre 1920 (115 représentations du 11 octobre 1920 au 16 janvier 1921)



Argument

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Un homme rencontre une femme, en tombe amoureux, lui fait la cour, lui déclare sa flamme. Elle aussi se découvre amoureuse de lui. Ils se marient et ils sont heureux. A aucun moment, aucun des deux n’envisage de tromper l’autre, n’imagine même pas que ce soit possible. Aucune scène de ménage ne les fait s’affronter.
Dans ce petit monde bourgeois qui est le leur, celui où se déroulent ordinairement les comédies de boulevard, cette situation anormale devient vite scandaleuse. Les meilleurs amis se déchaînent, font courir sur eux les pires ragots, les calomnies les plus viles.


Distribution

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Actrice-Acteur Personnage
Sacha Guitry Lui
Yvonne Printemps Elle
Louis Kerly Un maître d’hôtel
Tournier Un garçon
Amigues Un sommelier
Saint-Paul Un maître de maison
O. Berthier Un mari
Léo de Reilles L’amant
René Hiéronimus Un jeune homme
Georges Lemaire Un joueur
Marcel Lévesque Un parasite
Suzanne Goldstein Une cuisinière
Suzanne Avril Une maitresse de maison
Blanche Toutain Une femme
Luce Fabiole Une dame


Critique

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Quittant les grands hommes,, c'est de lui que nous parle aujourd'hui M. Sacha Guitry, de Lui et d'Elle ; c'est en effet par ces seuls prénoms que sont désignés les deux principaux personnages de la 44e pièce du jeune acteur-auteur. Bien que ces désignations vagues et générales aient pu nous faire espérer une étude objective du cœur humain, elles ne cachent en réalité qu'un solo de M. Sacha Guitry, car sa jolie partenaire n'est là, sous les traits de Mlle Yvonne Printemps, que pour souligner, d'un accompagnement charmant comme une viole d'amour, les tendres couplets que chante son fiancé, puis son époux, M. Sacha Guitry ne se contente pas d'écrire ses pièces et de les jouer, il les juge également : « Si jamais, dit-il à celle qu'il aime, je mets en scène notre histoire, je voudrais que lès critiques disent : c'est une pièce où il n'y a rien. »

C'est exagéré; s'il n'y a rien comme intrigue, il y a l'esprit de l'auteur et c'est beaucoup. La pièce pourrait s'intituler : « Je t'aime et variations », de M. Sacha Guitry. Celles-ci ne sont point ennuyeuses, toutes les nuances y sont savamment employées, le grave, le dolce, le forte, le gracioso, le giocoso, les traits en sont perlés et le rythme varié. Il est facile d'être heureux quand on s'aime, à condition de vivre loin du monde et de ses conventions, c'est-à-dire loin des envieux, des importuns et des parasites, voilà l'idée développée par M. Sacha Guitry. Et quelques graves censeurs, dans les couloirs, de dire.: « C'est faire bon marché de la société, de la famille, des enfants, des parents et... des belles-mères ! où irions-nous avec de pareilles théories? »

Je serais surpris que M. Sacha Guitry ait voulu soutenir une théorie quelconque. C'est un homme jeune, heureux, auquel la.vie sourit parce qu'il sait la faire rire; il a voulu nous faire partager sa joie exubérante et spirituelle, il nous sort tout ce qui lui passe par la tête, et comme, en passant par sa tête, les faits prennent un aspect amusant et imprévu, on l'écoute avec plaisir. Je ne crois pas que M. Sacha Guitry ait eu jamais l'intention de remplacer La Fontaine, Pasteur ou même Béranger; il est Lui, et c'est quand il reste « lui » qu'il est le meilleur.

Son jeu est la nature même, sa voix est musique, et la superbe barbe qu'il laissa pousser lui donne la tenue et l'aspect, en jeune, du roi d'Angleterre Edouard VII, sous les auspices duquel il a placé son œuvre, Mlle Printemps sait écouter avec esprit et les quelques mots qu'elle peut placer sont dits avec grâce. Mlle Blanche Toutain et Mlle Avril, M. Levesque animent deux petits sketchs, d'inégale valeur, dont M. Sacha Guitry a cru devoir corser son poème en prose. Celui du quatrième acte disparaîtrait, que l’œuvre n'en resterait que plus vive et plus alerte.

Pierre d'Ouvray, Le Ménestrel, 22 octobre 1920


Journal

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Le Menestrel, le 22 janvier 1920
Le Menestrel, le 22 janvier 1920


Citation

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J'estime qu'un amour qui ne prend pas naissance d'une façon clandestine ne peut pas devenir un amour très profond ! C'est une plante sauvage, il me semble, et qui doit avoir la force de pousser toute seule et de s'épanouir sans le secours des tuteurs !..